Services libres et hébergeurs de services libres

Cet article est apparu initialement sur le site de Louis Derrac.

Dans ma quête d’indépendance vis à vis des géants du web, j’ai voulu lister dans un article les services libres essentiels, et les structures capables de les héberger. Ceci est donc en quelque sorte un pense-bête évolutif, ouvert à vos contributions.

Avant de commencer

  • Un service libre c’est quoi ? C’est un service web comme ceux que vous utilisez tous les jours (Gmail, Google Drive, Zoom, Slack, WhatsApp), mais en version libre (j’explique plus bas ce que ça veut dire).
  • Pourquoi vouloir passer sur un service libre ? Je l’explique juste en dessous, dans les enjeux éthiques des services web.
  • Est-ce que c’est accessible à toute·s ? Ça n’a longtemps pas été le cas, mais maintenant oui, et c’est une avancée majeure. C’est aussi pour ça que j’ai voulu écrire cet article, parce qu’on peut maintenant se lancer, et soutenir le mouvement.
  • Combien ça coûte ? Franchement ça dépend mais pour un particulier ça tourne autour d’une dizaine d’euros par mois (voire moins si vous avez de petits besoins), un peu comme Spotify, Netflix et cie.

Les enjeux éthiques des services web

Connaissez-vous les enjeux éthiques qui gravitent autour d’un service web ? Souvent, ils s’entrecroisent, parfois ils se contredisent : en fait ils sont multiples. En voici quelques-uns, dans le désordre1.

La centralisation d’Internet et du web2. Internet a été construit pour être un système décentralisé : chaque ordinateur est connecté aux autres et peut héberger des données, ce qui crée un système théoriquement très résilient. Car si un ordinateur tombe il y en a des milliards d’autres. Mais notre dépendance à de très gros acteurs a conduit Internet à se recentraliser. Un exemple : si Google n’était pas accessible pendant ne serait-ce qu’une heure, la plupart des internautes ne pourrait plus naviguer sur le web.

La question écologique. Les services web polluent. Ils consomment de l’énergie, ils sont hébergés dans des datacenters qui ont nécessité des métaux rares dont l’extraction est très polluante, etc.

Le capitalisme de surveillance3 et l’économie de l’attention4. Les services web des grandes plateformes sont pour la plupart construits autour du modèle économique de la publicité. Pour faire simple : ils siphonnent nos données, font tout pour capter notre attention, et façonnent notre vision du monde.

La « souveraineté numérique5 » : privilégier des services hébergés en France, en Europe plutôt qu’aux États-Unis ou en Asie.

Les valeurs autour du logiciel : logiciel libre vs logiciel propriétaire. Pour la Free Software Foundation, le « logiciel libre » [free software] désigne des logiciels qui respectent la liberté des utilisateurs. En gros, cela veut dire que les utilisateurs ont la liberté d’exécuter, copier, distribuer, étudier, modifier et améliorer ces logiciels. ». Pour en savoir plus.

Une super illustration (libre de droit) de la FSF.

Des services libres

L’association Framasoft a entrepris, lors de sa campagne « Dégooglisons Internet » un immense travail d’hébergement de services libres alternatifs aux grosses plateformes centralisées. Une liste exhaustive est accessible ici. Framasoft a d’ailleurs opéré un changement de stratégie, et s’en est expliquée abondamment sur son blog6.

Voici selon moi les principaux services libres matures, fonctionnels, utilisables par tou·te·s :

  • Cloud : Nextcloud ou Owncloud
  • Suite bureautique : Only Office ou Collabora
  • Slack : Mattermost ou Rocketchat
  • Visioconférence : Jitsi ou Big Blue Button
  • Messagerie instantanée : Element, Signal ou Telegram

Maintenant que vous avez identifié des services web qui correspondent à vos valeurs, encore faut-il pouvoir les héberger. Vous pouvez le faire vous-même si vos compétences le permettent et si vos besoins sont limités, mais autrement (et c’est mon cas), il faudra les faire héberger.

Des hébergeurs de services libres

Fort heureusement, il existe de plus en plus d’hébergeurs éthiques, convaincus par les valeurs du libre. Ils représentent autant d’alternatives et d’espérances pour arriver à décentraliser et guérir le web. Après une longue attente, leurs offres se simplifient et incluent enfin les très petites entreprises, les associations, et les particuliers !

Commençons par les Chatons : le « Collectif des Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires. Ce collectif vise à rassembler des structures proposant des services en ligne libres, éthiques et décentralisés ». C’est une bonne porte d’entrée.

Voici d’autres hébergeurs qui proposent un service simple et grand public. Si vous en connaissez d’autres, n’hésitez pas à me les signaler7.

Et cette liste n’est qu’un début ! Pensez à chercher des hébergeurs prêts de chez vous. C’est aussi ça qui donne du sens à votre action. Ça décentralise Internet, ça le (re)localise, ça redonne du sens à sa matérialité (il faut jamais oublier qu’Internet ce sont des câbles, des câbles et des câbles. Et ça vous donne accès à un support de proximité.

Merci pour leurs contributions à Alain Imbaud, Patrice Andreani, Damien Accorsi et d’autres.

Pour aller plus loin

Image à la une de la Free Software Foundation.

  1. Les commentaires sont ouverts à vos suggestions
  2. Redécentralisation sur Wikipedia
  3. Un capitalisme de surveillance, de Shoshana Zuboff 
  4. Économie de l’attention sur Wikipedia
  5. Souveraineté numérique sur Wikipedia
  6. Lire notamment l’article Déframasoftisons Internet !
  7. Notez toutefois que cette liste n’a pas pour vocation d’être exhaustive

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